Nous aurions pu nous contenter de partager une séance de questions-réponses avec Hervé. Sa façon simple et chaleureuse de parler du trail aurait suffi à fédérer quelques nouveaux adeptes, c’est certain. 

Dans quelques semaines, ce fidèle du Roadsign Continental Challenge deviendra peut-être le premier Français à avoir couru et terminé toutes nos courses. Mais il a aussi une approche très personnelle de l’ultra-marathon qui méritait bien quelques efforts de plume…

Vivre en Pays de Cocagne

Hervé court au quotidien entre Garrigues et Dentelles de Montmirail. Francilien d’origine, il a élu domicile dans le sud depuis 30 ans et désigne le Vaucluse comme « département idyllique pour la pratique du trail ». Ce décor grandiose qui a séduit tous ceux qui sont passés par là, est aussi le théâtre de sa vie privée et professionnelle. Il sourit lorsqu’il évoque son village de pierres entre Lubéron et Ventoux et le plaisir qu’il trouve à soigner ses oliviers, à produire son huile ou à cultiver tomates et autres trésors gorgés du soleil provençal. Une chance qu’il ne manque pas de souligner en évoquant sa compagne.

« Si je peux réaliser ma passion pour l’ultra, c’est aussi grâce à ma compagne Catherine… Elle me permet de pouvoir m’entraîner quand l’envie est là, sans stress. Il fait beau, j’ai envie de sortir et hop ! Me voilà dans la nature… Elle m’encourage et fait quelques sorties avec moi ». Il faut dire qu’elle a créé et dirige l’agence de communication spécialisée dans les vins et spiritueux où Hervé travaille également, dans ce village proche d’Avignon et des vignobles de Gigondas.

Un soupçon d’envie, une pointe de jalousie ? En lisant la suite, vous comprendrez comment et pourquoi Hervé a su se faire une place dans un tel cadre de vie.

 

Ultra ASIA Race 2017, Vietnam

 

La course, une histoire de Famille…

Designer et directeur de création, Hervé a toujours aimé le sport et la nature. S’il a franchi une première étape en quittant la région parisienne pour le sud, c’est un concours de circonstances très familial qui l’a mené au marathon. A presque 40 ans, il a couru son premier trail de 50km dans le Var grâce à sa sœur Francine et ses deux beaux-frères, Bruno et Mario.

« Un truc inimaginable mais avec la conviction de mes BOFS, je me suis inscrit… Et voilà, j’étais piqué au trail ». Deux ans plus tard, il tente la « Desert Cup » en Jordanie, toujours en famille. Il ne termine pas la course mais apprend. « Commencer par un échec ne m’a pas démoralisé, bien au contraire puisque ce fût mon seul abandon sur un ultra ».

Depuis, Hervé n’a cessé d’user ses semelles sur les pistes d’Egypte, du Cambodge, d’Inde puis celles des courses du Roadsign Continental ChallengeIl considère que courir en terre inconnue avec des gens, des langues, des paysages et climats si différents est un vrai plus.

 

Ultra AFRICA Race 2017, Mozambique

 

…qui change la vie.

S’il avait vécu dans l’antiquité, Hervé aurait probablement fait une carrière de philosophe hédoniste. Cette vision du monde consiste à savoir apprécier des plaisirs simples comme la nature, la cuisine, l’amitié, l’exercice physique, les arts, la quête du savoir, sans laisser place à la violence ni aux conflits. Mais point d’hédonisme sans discipline, connaissance de soi, du monde et des autres. C’est bien cela que l’on retrouve lorsqu’il nous parle de ce que lui apporte l’ultra-marathon.

« Courir change votre regard sur les choses, la vie, les gens. On vit dans un monde sans échelle de temps, de valeurs. On passe d’un extrême à l’autre sans réflexion ».

Il ajoute que ces longues courses vous plongent dans l’immédiateté, dans le ressenti.

« Vous percevez la vraie valeur des choses car vous êtes concerné, face à vous-même. Courir au Vietnam ou en Bolivie vous remplit d’une joie intense car vous êtes de passage mais dans une dimension humaine, dans un rythme simple, sans pression, juste pour le plaisir d’être là ».

 

Ultra Bolivia Race 2018, Salar de Uyuni

 

Hervé évoque la paix intérieure que lui apporte la course, sur les plans personnel et professionnel. 

« Avant, le moindre obstacle, le moindre retard, la moindre contradiction me mettait dans un état de colère ! Aujourd’hui, chaque journée a une ligne de départ, une ligne d’arrivée. Tous les matins je suis fier de partir et tous les soirs, heureux d’avoir franchi l’étape. Ma perception de mon corps a changé aussi. Je l’ai découvert, je l’écoute, j’apprends de lui pour qu’ensemble nous soyons toujours en osmose ». 

Rendez-vous dans l’Outback

Nous ne voulons pas lui mettre la pression mais avouons-le, cela nous fera terriblement plaisir lorsqu’Hervé passera la ligne d’arrivée de THE TRACK. On a bien le droit d’être un peu chauvin, non ? Mais lui non plus ne semble pas céder à la pression.

« Je n’appréhende pas cette course. Pour moi, c’est une liberté de courir et un privilège de pouvoir accomplir un tel parcours ». Retrouver l’équipe de Canal Aventure le motive « Cela fait partie de mes joies dans l’ultra, être avec de nouveau avec mes amis et rencontrer de nouveaux coureurs d’horizons si différents. »

Hervé ne stresse pas particulièrement pour sa préparation. Il s’entraîne sereinement, fait confiance à son corps mais ne s’accorde aucune marge d’erreur dans la préparation matérielle.

« Repas, strict nécessaire, organiser, ranger, ne rien laisser au hasard… rien de plus énervant que de chercher désespérément un briquet ou un tee-shirt sec après 7 heures de course ».

 

Ultra NORWAY Race 2018, Alpes de Lyngen

 

Il ne pensait pas faire toutes les courses mais avoue :

« Les aventures sont tellement belles, chaleureuses, émouvantes que, oui en effet, je vais être le premier Français à avoir tout fait. Peu importe ma place au classement, ma seule condition c’est finir (même plié en 2…). » Hervé Seurin ne se définit ni comme un champion, ni même comme athlète de haut niveau. « Je ressens en moi une force qui me porte et me fait aimer la vie, les rencontres. Je ferai des kilomètres pour voir ça ». 

 

Suivez THE TRACK 2019 du 15 au 24 mai.