Depuis que nous l’avons rencontrée dans les années 2000, Perrine Chugg occupe une place particulière dans notre univers. Grâce à son tempérament voyageur, son regard sur l’autre, sa bienveillance doublée d’un éternel sourire, Canal Aventure a pu organiser la première édition de THE TRACK dans le bush australien. On vous raconte ?
Jérôme Lollier, fondateur de Canal Aventure, a rencontré Perrine lorsqu’il travaillait sur le Tour de France cycliste. Optimiste par nature et aventurière dans l’âme, Perrine fut recrutée dans la caravane publicitaire Roadsign du Tour de France.
Les aventures de Perrine
A peine majeure, elle avait quitté sa Belgique natale pour des jobs et voyages humanitaires en Europe, en Afrique et passé notamment 6 mois au pair en Grande-Bretagne. C’est là que Joshua, un jeune australien tombé sous son charme, lui lançait un défi… s’ils ne se revoyaient pas durant les 3 années à venir, ce serait elle qui viendrait le voir en Australie. Entretemps, quelques messages puis moins d’échanges.
A l’été 2008, au terme du pari, elle rejoint ses équipiers de la caravane publicitaire Roadsign du Tour de France pour la troisième fois lorsque Joshua se manifeste. Impossible pour elle de rompre son engagement avec nous, ni de renoncer à Joshua qui saute déjà dans l’avion pour venir la rejoindre ! Elle se tourne vers Jérôme qui accepte la venue du jeune homme pendant le Tour, à charge de revanche…
Puis, Perrine et Joshua sont partis en Australie, ont eu trois petites filles et fêtent cette année 10 ans de mariage.
En 2017, Joshua décroche un poste qui les mène en Mongolie avant de rentrer à Brisbane, à l’automne 2019. Ces deux années de découverte ont émerveillée Perrine au point qu’elle s’y est « formée » pour devenir chaman. Un savoir-faire empathique et spirituel qu’elle exerce toujours aujourd’hui en Australie.
Perrine sait que sa vie aujourd’hui serait bien différente si Joshua n’avait pas pu la rejoindre sur le Tour de France. « Je devais un service à Jérôme pour la faveur qu’il m’avait accordée à la toute dernière minute. Je pense que nous sommes différents mais complémentaires et complices dans une belle amitié. Je tiens beaucoup à cette relation. »
Et vous allez voir que la jeune femme a su nous « renvoyer l’ascenseur » de la plus belle des façons quand nous en avons eu besoin.
THE TRACK, Perrine et les Aborigènes
En 2010, Jérôme a conçu THE TRACK et effectué la reconnaissance du parcours de la future course jusqu’aux abords d’Uluru, symbole du bush australien. La dernière étape de cette préparation est primordiale : obtenir l’indispensable autorisation des Aborigènes dont il faudra traverser quelques terres.
Il contacte les Rangers, lien incontournable pour toute rencontre avec les chefs autochtones. Et puisqu’il ne sera plus en Australie à la date fixée en septembre, c’est à Perrine qu’il confie les rênes de l’opération…
« Le Ranger qui m’a accueillie à l’aéroport d’Alice Springs n’était pas très positif. Après m’avoir dit que les Aborigènes donnaient rarement leur accord ou sous conditions, il ajouta qu’ils n’accepteraient jamais notre requête, encore moins venant d’une étrangère. Passé mon sentiment de frustration, j’ai eu une furieuse envie de lui donner tort ! Arrivée sur place, je découvrais une cinquantaine d’Aborigènes assis sur la terre rouge, un groupe de 7 à 8 Rangers, une estrade avec micro et hauts parleurs. J’ai attendu mon tour, les Rangers ayant d’autres sujets à régler avec la communauté. Quand on m’a tendu le micro, je me suis sentie en décalage total, là sur la scène, face à ces gens qui communiquent avec la nature, avec leurs intuitions et dont les traditions séculaires sont si importantes.
Je ne voulais pas me placer plus haut qu’eux. J’ai pris une grande respiration, j’ai rendu le micro à l’individu qui était venu me chercher, j’ai enlevé mes chaussures et je suis allée m’asseoir auprès d’eux. J’ai mis de la terre rouge sur mes pieds et mes mains… Il y a eu un grand silence. J’ai alors demandé si l’un d’entre eux parlait anglais afin que ma demande soit traduite dans leur langue. Un jeune homme a accepté. Après m’être excusée de ne pas parler la langue aborigène, j’ai dit que j’étais nouvelle dans le pays et que j‘allais bientôt épouser un australien. Puis j’ai expliqué le projet de Jérôme. La course, l’intention et le projet humain derrière la course. Je leur ai parlé de notre souci de préserver la nature, notre souhait d’employer quelques-uns d’entre eux pendant deux jours pour nous guider à travers le bush, nous indiquer où faire du feu, etc. afin de respecter les lieux sacrés.
Enfin, je les ai remerciés pour leur écoute et j’ai mis mes mains sur mon cœur en signe de gratitude. Après quelques minutes, des anciens hochaient la tête et émettaient des sons discrets. Mon jeune traducteur m’a annoncé qu’ils avaient tous accepté !! Quand j’ai demandé s’il y avait des conditions à cet accord, l’un des ancêtres a parlé et tous se sont mis à rire. Mon interprète m’a dit : ils pensent que ces gens sont fous de venir ici pour courir sous le soleil mais qu’on les regardera passer en riant.
Naturellement, j’ai ri avec eux tout en les remerciant très fort intérieurement. J’ai remis mes chaussures et nous sommes repartis. Inutile de dire que pendant le trajet, mon Ranger est resté très silencieux… mon sourire en disait surement long. Après un rendez-vous au bureau des Rangers le lendemain pour régler quelques détails, je suis rentrée chez moi. C‘était une belle aventure où j’ai une nouvelle fois appris à écouter mon cœur et mes intuitions. Et puis, j’avais rempli ma mission et rendu la pareille à Jérôme, avec honneur. »
Si l’administration australienne a pris plusieurs mois avant de délivrer toutes les autorisations permettant de lancer cette course en 2011, Perrine a été un précieux atout dans l’aboutissement de ce projet symbolique de l’esprit Canal Aventure.