Avec un savoureux accent québécois, elle raconte son expérience et on est immédiatement projeté sur les pistes australiennes. Enseignante et mère de 3 enfants, Marie-Claude est enthousiaste, sensible et drôle. Une jolie rencontre.
Marie-Claude, c’était votre première expérience sur une telle course. Comment avez-vous rejoint l’équipe d’organisation de THE TRACK ?
J’aime bouger et j’ai un bagage sportif derrière la cravate mais je n’avais jamais vécu une aventure comme celle-là. Mon compagnon Jean-François est médecin. Il participe à des courses hors du commun pour récupérer des fonds au profit d’enfants atteints de cancer. THE TRACK était sa 5ème course. C’est de là qu’est venue l’idée d’intégrer le staff d’organisation. Je savais juste qu’il me fallait un bon sac de couchage, quelques affaires personnelles et être sur place deux jours avant le début de la course.
Parlez-nous de votre rôle avant et pendant la course ?
Avant la course, on a commencé par coudre les écussons aux couleurs de leur pays sur les chandails des coureurs. Les plus jeunes étaient perdus… de la couture ! On a géré et j’ai même réparé la sangle du sac d’un coureur. L’équipe vérifie aussi l’approvisionnement des athlètes : c’est important qu’ils aient bien le nécessaire, la nourriture, les calories utiles. On se met à leur service pour qu’ils se sentent bien.

Marie-claude et Djamila au contrôle technique d’avant course.
On parle des langues différentes. On doit communiquer comme on peut, avec les mains et à l’aide des objets. On a l’impression que notre cerveau ne s’arrête jamais ! Aussi, j’étais fière de connaître tous les noms et les numéros de dossards dès le deuxième jour.
Pendant les étapes, on gère le ravitaillement en eau, les marqueurs et on surveille la progression des coureurs. On doit parfois prendre des décisions lourdes quand ils ne savent plus où ils sont. Il m’est arrivé d’obliger un athlète au bord de l’épuisement à s’allonger. Pas facile mais j’ai dû le faire, c’était ma décision.
Qu’avez-vous appris ?
D’abord, la solitude. Tellement contraire à mon quotidien. Quand on arrive très tôt au Check point 1 pour préparer le point d’eau, on ne sait pas quand on va apercevoir le premier signe de vie… parfois, c’est long. Je me parlais à moi-même. Certains membres de l’équipe passaient le temps en lisant. Impossible pour moi de me concentrer sur un livre avec toutes les mouches. J’ai finalement amené mon linge pour le laver… C’est devenu un running gag mais ça occupe. Ensuite, on apprend à s’adapter. On a plus peur d’être ailleurs. Même quand on est seule au milieu de nulle part et qu’arrivent quelques aborigènes.
Pendant ces 10 jours, comment vit l’équipe ?
Chaque soir après l’étape, on arrive au camp. On monte nos tentes, on prépare le souper. Et on accueille les coureurs. On doit parfois faire preuve d’ingéniosité. L’eau est vitale et quand certains voulaient se laver sans gaspiller d’eau potable… l’idée m’est venue de fendre le fond des poches d’eau déjà utilisées sur la course. Ça permet de récupérer quelques gouttes « perdues ».
Le soir, j’étais brûlée mais l’esprit d’équipe et l’engagement des bénévoles donnent de la force.
On a eu de beaux moments de rire et de partage de nos cultures. On prend aussi le temps de regarder les étoiles… C’est une immersion totale, on en oublie qui ont est. Le 4ème jour, j’avais tellement décroché ! J’ai réalisé que je n’avais pas pensé à mes enfants.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée sur THE TRACK ? Quels mots résument le mieux cette aventure ?
Quand on ferme l’étape, on assiste les derniers coureurs. En voir certains souffrir, tomber en larmes, c’est difficile. Il m’est arrivé d’enfiler mes espadrilles pour parcourir les derniers kilomètres avec un athlète au pied arraché. Ils vont jusqu’au bout d’eux-mêmes et quand on peut leur être utile, ça crée du lien. On a gardé le contact depuis la course. J’ai pu faire les 34 derniers kilomètres aux côtés de Jean-François. Partager un peu de ça ensemble, c’est fort. Même si on tente le challenge par envie, c’est une épreuve et se sentir soutenu, c’est important. Et valorisant pour le staff. D’ailleurs, Jean-François a souvent entendu « Toi t’es chanceux, ta blonde est là ».
Les mots qui résument le mieux mon Track : dépassement de soi, liberté et amitié.
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Marie-Claude accompagne Jeff sur les derniers kilomètres d’une étape.

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